Une présence chrétienne dans la société Éthique sociale

Avec Louis Schweitzer, professeur émérite de la FLTE.

« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu'à être jeté dehors et piétiné par les hommes. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut pas être cachée, et on n'allume pas non plus une lampe pour la mettre sous un seau, mais on la met sur son support et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que, de la même manière, votre lumière brille devant les hommes afin qu'ils voient votre belle manière d'agir et qu'ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste. »

📖 La Bible, Matthieu 5.13-16

« …quelqu'un dira: «Toi, tu as la foi, et moi, j'ai les œuvres.» Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, c'est par mes œuvres que je te montrerai ma foi. Tu crois qu'il y a un seul Dieu? Tu fais bien; les démons aussi le croient, et ils tremblent. Veux-tu reconnaître, homme sans intelligence, que la foi sans les œuvres est morte? Notre ancêtre Abraham n'a-t-il pas été considéré comme juste sur la base de ses actes, lorsqu'il a offert son fils Isaac sur l'autel? Tu vois bien que sa foi agissait avec ses œuvres et que par les œuvres sa foi a été menée à la perfection.»

📖 La Bible, Jacques 2.18-22

Il va de soi pour tout le monde que la foi suscite une éthique personnelle. Être disciple de Jésus suppose un comportement en cohérence avec l’enseignement de l’Évangile. Mais certains, dans l’histoire des Églises évangéliques ont eu plus de mal à accepter que l’Évangile puisse aussi susciter une éthique sociale(1), c’est à dire une éthique qui concerne la société dans son ensemble et son organisation. Certes, le chrétien est « citoyen du Royaume de Dieu », mais il fait encore partie de la cité terrestre et les hommes et femmes qu’il est invité à aimer et à servir le sont aussi.

Si nous sommes appelés à prendre soin de notre prochain dans la détresse, il est assez naturel de s’intéresser aussi aux raisons pour lesquelles il est dans la détresse. Certes, il y aura toujours des pauvres (Mt 26.11), mais nous pouvons essayer d’améliorer les structures de nos sociétés pour qu’elles produisent moins d’injustices.

(1) Commission d’éthique protestante évangélique (sous dir.), Pour une éthique sociale évangélique, 2024, Excelsis.

Le bon samaritain (Lc 10.25) s’est porté au secours du blessé sur la route. C’est ce que nous sommes tous appelés à faire pour les personnes en souffrances ou en besoin que nous croisons sur nos propres chemins. Mais si, très régulièrement, les voyageurs étaient volés, blessés ou tués sur cette même route, l’amour qui a poussé le samaritain à s’engager pourrait en pousser d’autres à chercher à sécuriser ce chemin.

Ces deux dimensions sont aussi importantes l’une que l’autre : l’aide concrète à apporter à ceux qui sont dans le besoin et l’attention aux structures de nos sociétés qui créent ces manques ou ces souffrances.

Mais dans ce domaine, il est parfois difficile de discerner ce qui est juste. Ce qui doit nous guider, c’est toujours l’Évangile, l’amour du prochain quel qu’il soit, la recherche de la justice, l’accueil du pauvre, de l’étranger, des petits et de tous ceux qui sont sans défense. Bien sûr, ce que nous pourrons réaliser ne sera pas encore le Royaume - nous restons bien dans ce monde avec toutes ses pesanteurs - mais cela manifestera, de manière certes imparfaite, les valeurs qui sont celles du Royaume et que Jésus nous a enseignées.

Dans ce but, se dire chrétien n’est pas un critère suffisant et défendre « l’Église » ou certaines valeurs ne suffit pas. L’histoire de l’Église est parsemée de relations ambigües et perverses entre le pouvoir, les courants politiques et les Églises. Une grande prudence s’impose donc. Mais il ne faudrait pas qu’elle devienne une excuse pour ne rien faire. L’histoire est aussi pleine de situations où les Églises ont laissé faire, quand elles n’y ont pas participé elles-mêmes, les injustices et les oppressions.

Nous sommes donc appelés à discerner ce à quoi le Seigneur nous appelle personnellement. Chacun de nous ne pourra pas répondre à tous les besoins qu’il côtoie, mais il peut s’engager dans tel ou tel domaine, confiant que Dieu adressera à d’autres un appel différent. Et si nos capacités d’engagement seront toujours limitées par rapport aux besoins du monde, nous pouvons soutenir par la prière et peut-être d’autres manières ceux qui s’engagent là où cela ne nous est pas possible.

ADORATION

Tu es le Seigneur de l’univers, le Roi de la terre et des cieux, à qui tout appartient. Tu es le Dieu de toute sagesse, toute intelligence, omniscient, omniprésent et omnipotent.

Tu es le Dieu parfaitement juste qui connaît les besoins de chacun où qu’il soit, quel que soit son état. Tu es le Dieu parfaitement bon qui prend soin du pauvre et de l’orphelin. Tu es compatissant et bienveillant, un Dieu infiniment généreux qui pourvoit avec richesse et gloire.

Tu nous prépares une éternité glorieuse où il n’y aura plus de souffrance, et nous vivrons dans une félicité éternelle.

BÉNÉDICTIONS, RECONNAISSANCE

Nous te remercions pour ta grâce universelle qui fait pleuvoir sur le bon et le méchant. Tu entends le pauvre, le méprisé, l’affligé qui fait appel à toi, et tu réponds. Tu es venu pour tous et tu soutiens particulièrement ceux qui reconnaissaient leurs besoins.

Merci pour les talents, les dons que tu donnes à chacun pour travailler à l’avancement de ton Royaume sur cette terre. Merci pour les œuvres de justice que tu prépares d’avance pour chacun.

Merci pour tous tes enfants qui se sont levés au fil des siècles jusqu’à aujourd’hui pour aimer et aider les nécessiteux, et travailler à la mise en place de structures qui accueillent, soutiennent, apportent les soins aux affamés, isolés, malades… Merci pour tous ceux qui développent et maintiennent ces structures favorables à plus de justice, quel que soit le domaine d’activités. Merci pour toutes les organisations qui se mobilisent pour venir en aide aux blessés de la vie, tant dans l’urgence que dans la durée. Merci pour les modèles et les encouragements qu’ils sont pour tous.

CONFESSION

Pardon pour nos yeux trop souvent volontairement fermés sur le besoin de notre prochain. Pour nos résistances à prendre soin de l’autre dans le besoin. Pour notre manque de générosité matérielle et de don de soi.

Pardon pour notre volonté à faire cavalier seul pour de mauvaises raisons et notre manque de volonté à unir nos forces, oubliant que nous sommes un corps.

Pardon pour notre incrédulité et notre manque de persévérance dans ces œuvres de justice et pour notre découragement devant les difficultés ou les besoins qui nous semblent insurmontables.

Demandes

Nous te demandons d’ouvrir nos yeux sur les besoins de l’autre, de nous donner le discernement pour comprendre où et comment nous engager, nous donner. Dispose nos cœurs et nos mains à donner.

Fais lever des ouvriers pour cette mission particulière auprès des nécessiteux, quels que soient les types de besoins, et qualifie-les pour un travail aimant et efficace.

Nous prions pour que notre société te voit au travers d’une Église aimante et agissante, et que nombreux soient ceux qui te reconnaissent comme un Dieu bon et bienveillant, Qu’ils découvrent ta providence reflétant ton amour incomparable et inconditionnel. Qu’ils saisissent que tu es celui qui a donné Jésus pour les sauver.

Rappelle-nous que tu pourvois un jour après l’autre à nos besoins et aux besoins des organismes aidants, que nous ne puissions pas nous inquiéter pour le lendemain.

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